Projet Momarbrification – 2017

Projet « Momarbrification »

ou

Des questions de changement

02 mars – 06 avril 2017
Classe de Première APL. – 2016/2017 – Lycée Ribeaupierre, Ribeauvillé, France – Prof. Dimitri Dimitriadès

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Des élèves sont venus me voir en me demandant de donner quelques explications du projet, car des personnes extérieures à notre discipline sont un peu incrédules, elles ne comprennent pas la « signification » du projet.

Je vais donc essayer de dresser et de résumer quelques arguments et critères pour établir le bien-fondé de ce projet, en fin de compte « glorieux ».

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1. Je commence par « l’incrédulité »
2. « Dans provocation il y a vocation »
3. « Tirer sur le « fil du nouveau »
4. Changement de point de vue
5. Changement de technique
6. Changement de socle
7. Changement de dispositif
8. Changement d’outils
9. Changement de l’intimité de l’espace
10. Changement d’esthétique 1
11. Changement d’esthétique 2
12. Changement de vision d’un projet
13. Changement de lieu de rencontre
14. Projet double

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1.

Je commence par « l’incrédulité » des personnes visitant (traversant) le processus de création (puisque nous sommes dans un processus, et qu’elles assistent progressivement à l’émergence d’une œuvre.) La question qui se pose est la suivante : A quoi sert l’art ? Est-ce simplement pour décorer un mur vide ? Faire des travaux, les noter et les ranger (Ce qui veut dire que nous avons même pas le temps de voir ces travaux) ? Ou introduire et proposer un débat de fond sur une question donnée ? Ou encore « autre chose » (la « chose » de chacune et de chacun) ?

2.

Donc, (je le reconnaît) nous sommes dans un registre concernant la « provocation ». Il faut noter que dans le mot « provocation » il y a le mot « vocation ». Ainsi une seconde question se pose : Quelle est la vocation de l’art ?

3.

Comme je l’ai déjà expliqué en classe : dès qu’on commence à tirer sur le « fil du nouveau », tout ce qui suit est forcément nouveau. Une des plus grandes qualités de ce projet c’est celle de vous inviter à vous engager, (à réfléchir, à prendre en compte), sur des nouveaux terrains, des nouveaux matériaux, des nouveaux supports ;

4.

Changement de point de vue : Il faut reconnaître que d’habitude, nous ne travaillons jamais à partir de ces critères, nous sommes « convenablement » enfermés dans notre salle, et nous nous consacrons à notre discipline en silence. Avec ce projet, nous sortons dehors, nous prenons l’air, il y a donc un changement de point de vue. A ce propos, Bill Viola disait qu’un artiste doit changer son point de vue, non pas seulement intellectuellement mais aussi physiquement (il va passer toute une journée dans un grand arbre afin d’observer les écureuils.)

5.

Changement de technique : D’habitude nous utilisons le même support standard, le même format conventionnel (A4, demi-raisin (32.50 x 50cm.), etc.). Ce qui signifie que « la forme » est toujours la même, il y a que le fond qui change. Or avec ce projet, le fond et la forme change. Nous mettons en œuvre des nouvelles techniques jamais élaborées ;

6.

Changement de socle : En principe les colonnes d’un temple sont destinées à porter le toit du temple. Ainsi, au cours de notre première étape, sans avoir le besoin de construire un socle, nous disposons déjà du tronc d’arbre, qui devient un socle solidement ancré dans le sol, qui va devenir à son tour une colonne. Et ses colonnes portent le toit du ciel. Nous sommes donc dans un monumental infini ;

7.

Changement de dispositif : Nous ne sommes plus (comme nous l’avons été depuis un certain temps, c’est-à-dire plus de 6 ans…) autour d’une table, assis sur une chaise, mais devant un arbre individuel, debout ;

8.

Changement d’outils : Les outils traditionnels restent en salle (crayon, gomme, pinceau, etc.) Pour (enfin) élaborer un nouveau projet grâce à un nouvel outil : une bobine de tissu blanche de 15 cm de largeur : Une ligne large, blanche et transparente (Ce qui signifie qu’à l’avenir, pour les plasticiens, en particulier les élèves qui visent des écoles d’art, qu’il faut « mettre de côté » une matière qui est susceptible de devenir un outil spécial, grâce à l’intuition et à l’imagination de chacun ;

9.

Changement de l’intimité de l’espace : Un dessin, un tableau est destiné à être vu à une trentaine de cm. Nous dominons la pièce. Or, avec les arbres, c’est eux qui nous dominent. La visualisation du travail est beaucoup plus importante de l’ordre de quelques mètres. Cette différence est fondamentale ;

10.

Changement d’esthétique 1 : Nous passons du registre de la « représentation » (dessin, peinture) au registre de la « présentation ». Plus précisément, nous entrons dans le registre des nouvelles pratiques contemporaines : l’in-situ, ou l’installation. C’est un travail qui se fait sur place et qui ne peut pas être déplacé ;

11.

Changement d’esthétique 2 : Nous abordons un type particulier de « présentation », le Land Art (art de la terre). C’est comme si on fait un travail sur le paysage, mais directement sur place ;

12.

Changement de vision d’un projet : D’habitude le travail est souvent rangé, dans une pochette, dans une armoire. Ici, impossible de ranger, le travail est devant nous, dans toute sa (grande) mesure. Nous avons l’occasion de le rencontrer régulièrement, nous l’abordons de plusieurs côtés. (pour les élèves qui n’ont pas encore eu d’idée, c’est une occasion rare de méditer un nouveau projet ;

13.

Changement de lieu de rencontre : D’habitude les travaux fait en classe ne sortent que durant une exposition, et encore les travaux doit être de qualité et d’un intérêt certain, ici, changement de donné (en faite, c’est toujours une question de donnée…) les projets prennent place au fur et à mesure. Et je peux vous assurer que le projet en question est déjà, en ce qui me concerne, une grande réussite, l’ensemble des objectifs sont atteints. Je suis persuadé qu’il y aura beaucoup d’élèves qui vont dépasser le but…

14.

Projet double : Puisqu’il faut filmer le processus de création et faire une petite vidéo de 90 secondes (choix des plans, du montage, de la mise en scène, etc.

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Arts Plastiques.
© Tous droits réservés. Dimitri Dimitriadès. Projet « Momarbrification ». Printemps 2017

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